GEOLOGIE
DES MONTS D’ARREE ET DE LA PENINSULE DE CROZON
Stage géologique « Paléo », du 27 juin au 1° juillet 2011
Stage conduit par Yves Cyrille. Maison des Minéraux, Crozon
Programme succinct
27 juin : Grenoble-Brest. Visite de la pointe Saint-Mathieu. Installation à Argol (Gîte de l’Enclos).
28 juin : l’Aber, Monts d’Arrée, site de la Mine, carrière de Rozperez, Saint-Michel-de Brasparts.
29 juin : Crozon Sud (en presqu’île), région de Morgat, Lost Marc’h, Kerdra.
30 juin : Crozon Nord (en presqu’île), Camaret, Veryarc’h, Pen-Hir, Pen-Hat.
1° juillet : Loc’h de Landévennec. Brest-Grenoble.
Cartographie
IGN au 1/25 000 : 0417, 0418, 0517, 0617. Michelin au 1/200 000 : 230.
BRGM au 1/50 000 : 274, 275, 309, 310.
Carte géologique de la Presqu’île de Crozon. Y. Plusquellec. SGMB. 2008
Bibliographie sommaire
Curiosités géologiques de la Presqu’île de Crozon. Yves Plusquellec. BRGM. Editions Apogée. Rennes.
Le tour des Monts d’Arrée et la Presqu’île de Crozon. Topoguide Grande Randonnée.
Guide géologique de la Bretagne. Hubert Lardeux. Dunod.
CONTEXTE GEOLOGIQUE GENERAL
La région visitée appartient au Massif armoricain, héritage d’une longue évolution qui commença il y a 2 milliards d’années (2 Ga) et qui s’acheva il y a 280 millions d’années (280 Ma). Sur un socle précambrien, des couvertures paléozoïques se sont étagées durant trois cycles orogéniques (le Cadomien, le Calédonien et l’Hercynien). L’histoire géologique la plus caractéristique de la région commence au Briovérien (fin du Protérozoïque) pour s’achever au Dévonien. Le Cambrien est absent et le Carbonifère assez rare. Morphologiquement il en est résulté un métamorphisme puissant, des déformations nombreuses (plis) et une tectonique cassante avec de nombreuses et importantes failles et de grandes structures tectoniques globalement orientées est-ouest, mais s’ouvrant vers l’est et tendant à converger vers l’ouest. Ainsi, le Massif armoricain présente un très large éventail de roches sédimentaires, magmatiques (endogènes et exogènes) et métamorphiques dans un environnement géologique des plus divers. Des bords de mer découpés, avec des falaises et des plages souvent très accessibles, et de nombreuses carrières, permettent de riches observations géologiques, entre autres.
Le Massif Armoricain est constitué de la Bretagne, d’une grande partie de la Vendée, du Cotentin et du bocage normand, il présente trois ensembles différents :
le domaine nord armoricain : granitoïdes métamorphisés, 1,8 à 2,2 Ga, massifs granitiques du Cadomien à l’Hercynien, granites rouges.
Le domaine central : unités antéprimaires , Briovérien, correspond principalement à un ensemble de terrains sédimentaires, ardoises, schistes et grès. On y trouve également des roches paléozoïques, 480 à 360 Ma.
Le domaine du sud : terrains granitiques et métamorphiques. Les structures et les roches proviennent principalement de la formation de la chaîne hercynienne, Silurien, Dévonien
Les Monts d’Arrée se situent au centre d’une région de collines, succession de horsts et de grabens (anticlinaux et synclinaux) qui culminent à 330 mètres. Granites, schistes ou grès affleurent sur les crêtes et dans les carrières.
La Presqu’île de Crozon, s’ouvrant largement sur la mer, offre de remarquables coupes dans les séries paléozoïques. Les roches sont d’anciennes vases ou d’anciens sables qui se sont déposés sur un socle briovérien dans une mer peu profonde. Des épisodes volcaniques, essentiellement ordoviciens, sont apparus à la faveur des grands accidents tectoniques. Indurées, métamorphisées, déformées, consolidées, c’est ainsi qu’affleurent ces roches, témoins d’un très lointain passé.
VISITE DES PRINCIPAUX SITES
29/06/2011
La matinée de cette seconde journée se passe le long des falaises de Crozon sud , côté Baie de Douarnenez, baie creusée dans le Briovérien. Certaines des plages sont rendues inaccessibles, car elles sont envahies par les dangereuses algues vertes (chlorophycée apparue avec les lessivages d’une agriculture utilisant des nitrates en abondance et pouvant générer des gaz toxiques). Crozon sud est caractérisé par l’important chevauchement de Lostmarc’h, par les discordances dans les grès armoricains et les schistes rouges du Cap de la Chèvre. Le Paléozoïque de Crozon sud est perturbé par le magmatisme.
30/06/2011
Toute cette journée est consacrée à la visite de Crozon nord, en particulier la péninsule de Camaret.
1-Plage de Corréjou. La falaise bordant la plage s’étend dans les schistes de Postolonnec avant d’atteindre les grès armoricains. Observation des rides de plage, des mégarides de vagues, des rides de courants dénotant des paléocourants descendants, des microchenaux, des granoclassements de galets, des pistes et des trous de vers et des terriers, le tout fossilisé. Les stratifications dans une roche à grains très fins (arénites ou pélites) laissent affleurer des intercalations de bancs quartzitiques, le flanc d’un grand pli et une faille avec un décrochement dextre de 2 à 3 mètres, puis une autre faille verticale avec zone broyée. Le sommet de la falaise est occupé par des blocs anguleux. En falaise, affleurent de nombreux plis avec fauchage, dus sans doute à la gélifraction durant les périodes glaciaires. Dans les schistes de Postolonnec on peut observer aussi des graptolithes et des trilobites (l’un d’eux est particulièrement bien conservé).
2- Coupe de la plage de Veryarc’h. Cette coupe, référence d’une coupe de l’Ordovicien au Dévonien, s’étend entre les contreforts de la Pointe de Pen-Hir et ceux de la Pointe de la Tavelle. De l’ouest vers l’est on rencontre successivement :
- des grès, avec pendage des bancs à 65° se répartissant sur trois niveaux (quartzitiques, schisteux, alternatifs) avec des loupes d’arrachement et des charriages de blocs ; dans les bancs on peut observer des traces de brachiopodes et de bivalves écrasées ; dans de gros galets, recueillis sur la plage, on voit de fines lamines zonées de zircon et de rutile, correspondant à d’anciens dépôts de sables lourds de placers ; les lamines de zircon et les lamines de rutile, séparées par des niveaux de sédimentation ; ont des pendages différents ;
- des failles-grottes dans les schistes où l’on peut observer des traces de bivalves et des nodules fossilifères avec microfossiles qui permettront de dater la roche ;
- des zones de contacts schistes de Postolonnec-grès de Kermeur avec niveaux de bioturbation, des loupes d’arrachement, des zones de fracturation soulignées par des failles majeures et des disharmonies, des failles avec crochons ;
- le passage des grès de Kermeur aux schistes de Cosquer est marqué par une gouttière d’érosion ; les mouvements du terrain témoignent de la déglaciation avec présence de tillites (conglomérats issus de dépôts morainiques) et de slumps dus à l’activité tectonique ou au charriage des glaciers ; l’activité tectonique est soulignée dans les affleurements par des structures de « ball and pillow » créées par un phénomène de thixotropie ;
- le passage de l’Ordovicien au Silurien est marqué par les ampélites dans lesquelles on retrouve les graptolites ; les plis couchés, les couloirs ravinés et les écailles schisteuses se succèdent en falaise, intercalés avec des bancs de coraux, travertins et concentrations ferrugineuses ; on est en présence d’un grand synclinal, puis on atteint le chevauchement Silurien-Dévonien.
3-Pointe de Pen-Hir. La Pointe de Pen-Hir est un éperon de grès armoricain, avec schistes et grès du Gador, qui se prolonge par un chapelet d’îlots (les Tas de Pois). Les pendages sont verticaux, les reliefs ruiniformes sont nombreux, les plans de failles laissent affleurer des brioches de grès (remplissage de chenaux d’érosion par des sédimentations grossières), des figures de ravinement et des ripple-marks.
4-Anse de Pen-Hat. Du sentier qui domine la falaise, on peut observer des discordances dans les schistes (phyllades briovériennes), discordances soulignées par des conglomérats de galets. Une carrière laisse affleurer stratifications et pendages le long d’une grande faille subverticale qui semble séparer les falaises de l’anse. Au large, deux îlots, l’un de quartzites, l’autre de schistes, indiquent que la faille passe entre les deux. Observation d’un grand pli anticlinal dans les quartzites recouvrant les formations briovériennes. Au pied des falaises des roches anguleuses témoignent de l’instabilité des pentes.
01/07/2011
Côte de Landévennec. Site du Loc’h. Le début de matinée de cette journée, conduite par Pierre-Yves Boussard, est consacré au Quaternaire, en particulier à l’examen des pouliers (flèches littorales en bordure de baie situées du côté de la houle dominante). Les pouliers se forment par dérive littorale en fonction des marées et se composent de deux flèches appelées parfois cordons, l’un interne couvert de végétation mis en place durant la période interglaciaire Riss-Wurm, l’autre externe qui repousse progressivement la mise en place du ruisseau. A l’estran peuvent affleurer des heads (dépôts périglaciaires avec blocs), la grève est en général recouverte de roches allochtones. Parcourir cette grève, c’est circuler dans un véritable musée de la pétrographie. Durant les fortes tempêtes, les cordons peuvent s’ouvrir, modifiant complètement la circulation des marées dans les chenaux. En falaise, en bord de plage, on observe, plis, chevauchements et dykes de kersantite sous une forme très
altérée.
A l’ouest de la plage, des plis dans les schistes et quartzites de Plougastel, avec une érosion différentielle très marquée entre des bancs de quartzite, avec des ripples marks et des roches plus marneuses.
Désiré Corneloup Juillet 2011
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